21 juil. 2015

memento de japonais #59

Deux grosses erreurs de débutants
- et comment ne pas les commettre

Quelques petits conseils pour bien débuter son apprentissage du japonais ! Et pour ceux qui ont commencé depuis longtemps, il n'est jamais trop tard pour s'y mettre !

Un article tiré du blog The Polyglot Dream de Luca Lampariello, mais écrit par Luca Toma du blog JapaneseCoaching.

2 Crucial Mistakes Beginner Japanese Learners Make
and How to Avoid them

Ecrit par : Luca Toma
Publié le : 27 avril 2015
Lien : Article original en anglais sur "ThePolyglotDream"
Traduction : BouQuiNeTTe



Le japonais ne ressemble à aucune autre langue que vous avez pu étudier jusqu'ici. Beaucoup de gens luttent encore, après avoir étudié la langue pendant trois ou quatre ans, pour atteindre le niveau où ils sont capables de tenir une conversation basique.

Evidemment, ce n'est pas leur faute.

Je m'appelle Luca Toma et je suis le fondateur de JapaneseCoaching.

En tant que coach de langue certifié, j'aide ceux qui apprennent le japonais à franchir les obstacles qu'ils rencontrent afin d'obtenir des résultats plus rapidement et plus efficacement. Pour ce faire, je combine les outils de coaching et les traditionnelles conférences skype d'enseignement individuel.

Il m'a fallu de nombreuses années pour maîtriser le japonais, dont 10 pendant lesquelles j'ai vécu au Japon.

La raison pour laquelle il m'a fallu si longtemps pour maîtriser le japonais est que c'est une langue très particulière. Je ne la qualifierais pas de "difficile", mais c'est définitivement une langue complexe en termes de petits détails auxquels il faut faire attention (écriture, ordre des mots, registres de langue et styles, politesse).

Mais si on laisse cela de côté, mes progrès dans la langue auraient été bien plus rapides si j'avais eu connaissance dès le début de certaines choses que je sais maintenant par expérience.

Dans ce post, je vais mettre le doigt sur deux grosses erreurs que les débutants ont tendance à commettre en japonais. Je suggérerai également des façons de les éviter afin de pouvoir faire des progrès constants en japonais qui se comptent en mois et non en années.

Erreur de débutant # 1 – Se concentrer sur les kanji individuels

Certains d'entre vous le savent peut-être déjà, mais l'écriture japonaise est en fait une combinaison de deux systèmes avec trois types d'écriture différents qui s'entrecroisent.

D'un côté, vous avez les hiragana et katakana, deux séries de caractères simples contenant chacune 46 symboles ; de l'autre, vous avez des centaines de symboles complexes appelés kanji (ce qui signifie littéralement ‘caractères chinois’).

Voici une phrase d'exemple en japonais. Les couleurs vous aident à identifier les différents types d'écriture (hiragana = vert; katakana = marron; kanji = jaune).

Les hiragana et les katakana sont tous deux des ‘systèmes syllabiques‘ dans lesquels chaque symbole correspond à une voyelle ou une syllabe du japonais.

Les hiragana sont utilisés comme particules (dans l'exemple ci-dessus : は wa, la particule qui indique le thème de la phrase ; で de, ‘dans’), pour infléchir les fins de verbes ou d'adjectives (働いて hataraite, ‘tranvaill-ant’) ou encore des mots japonais qui ne sont pas couverts par les autres types d'écriture, (でも demo, ‘cependant’).

Les katakana sont principalement utilisés dans les mots empruntés [à d'autres langues] (par exemple マリア Maria, ‘Maria'; ミラノ Mirano, ‘Milano’ [> Milan]).

Et puis il y a les kanji, qui forment un ‘système logographique‘ où chaque symbole correspond à une idée/un bloc d'idées (働 ‘travailler'; 先月 ‘précédent + mois’ = ‘le mois dernier'; 東京 ‘ouest + capitale’ = ‘Tokyo’).

Une erreur typique que font les débutants est de focaliser leur attention principalement sur les kanji et de les apprendre individuellement.

C'est de cette façon que les Japonais les apprennent à l'école et c'est également l'approche utilisée dans la plupart des manuels pour apprendre le japonais.

Apprendre de cette façon n'est vraiment pas une bonne idée et je vais vous expliquer pourquoi.

Certains kanji sont effectivement utilisés seuls dans certains mots, mais la grande majorité sont utilisés de manière composée (càd les mots kanji), ce qui signifie qu'ils sont en fait une partie de mots.

Prenons le mot 電話 denwa, qui signifie ‘téléphone’. Il est composé de deux caractères :
電 den = ‘électricité’ + 話 wa = ‘parler’.

Apprendre les significations de ces deux kanji individuellement voudrait dire de séparer le mot [français] ‘téléphone’ en ces deux composés dérivés du grec (tele= ‘loin’ et phone = ‘son’), et ensuite les apprendre individuellement sans tenir compte du ‘mot composé’ qu'ils forment ensemble (càd ‘téléphone’).

En apprenant de cette façon, vous finissez par perdre énormément de temps !

D'autre part, si vous les apprenez comme des parties de nouveau vocabulaire (et non comme des entités individuelles), vous vous en souviendrez plus rapidement et de manière plus efficace.

En même temps que vous apprenez du nouveau vocabulaire, vous vous rendez compte que les mêmes kanji individuels sont en réalité utilisés également dans d'autres composés, et leurs significations individuelles seront alors plus claires pour vous. Regardez par exemple les mots ‘télégraphe’ = 電報 denpou (qui vient de 電 den ‘électricité’ + 報 pou ‘information, nouvelle’), ou ‘train’ = 電車 densha (fqui vient de 電 den ‘électricité’ + 車 sha ‘chariot’), etc.

Le Ministères de l'Education japonais a annoncé officiellement que le nombre de kanji nécessaires à l'utilisation quotidienne s'élève à 2136, et ceux-ci sont appris les uns après les autres selon le classement par niveau scolaire ou par niveau, dans le cas des cours de langues étrangères.

Cependant, ce qu'il faut savoir, c'est que le nombre de kanji connu N'EST PAS un indicateur de votre niveau de maîtrise du japonais !

Connaître un grand nombre de kanji peut s'avérer utile pour comprendre des textes écrits, mais cela ne vous aide pas forcément à parler et communiquer de manière fluide dans la langue.

Ce problème mène à l'autre erreur de débutant dont je voulais parler.

Erreur de débutant # 2 – Repousser la pratique orale

L'autre erreur typique des débutants est d'attendre trop longtemps avant de commencer à parler la langue (et ainsi échouer à s'habituer à sa syntaxe un peu complexe !).

Le japonais est une langue S-O-V, ce qui signifie qu'après le sujet [S] (lequel n'est pas exprimé la plupart du temps), tous les éléments de la phrase [O, les objets ou les compléments] viennent avant le verbe [V], lequel se situe à la toute fin de la phrase.

S'habituer à cette différence dans l'ordre des mots en japonais ne demande pas seulement du temps ou de la pratique. Cela veut dire aussi que la plupart du temps, la traduction directe [du français] ne fonctionne pas du tout !

Je me souviens encore de combien j'ai lutté avec cet aspect de la langue dès lors que j'ai mis les pieds au Japon. Je commençais mes phrases sans trop d'effort et je restais bloqué à mi-chemin parce que je ne savais plus comment les finir.

Nous, les étrangers, avons tendance à penser à des phrases longues et complexes dans notre langue maternelle et nous espérons être capables de les traduire directement sans problème.

Malheureusement, les choses ne marchent pas ainsi en japonais.

Voici quels sont mes trucs (tips) pour éviter ces deux erreurs fréquentes et faire des progrès en japonais dès le début ?

Tip #1 – Apprendre les kanji en contexte

La première chose à faire est d'apprendre les deux syllabaires : hiragana et katakana.

La manière la plus rapide pour le faire est d'utiliser des trucs mnémotechniques comme cette ressource (voir l'image ci-dessous), où les formes et les sons de chaque symbole japonais sont connectés à des images et des mots en anglais.

Une fois que vous savez lire les deux syllabaires (aussi connus sous le terme de kana), vous avez besoin d'un bon livre et de vous focaliser sur le contexte.

Par ‘bon livre’ j'entends un livre avec des dialogues intéressants et utiles, quelques points de grammaire et accompagné d'un CD.

Je recommande souvent d'utiliser 'Colloquial Japanese'. Contrairement à d'autres manuels utilisés dans des cours de langue japonaise, il est conçu pour les personnes apprenant seules. Il est plus concis, la grammaire est introduite à un rythme plus rapide et les dialogues sont axés sur des situations de voyage.

Ce qui est bien dans 'Colloquial Japanese', c'est qu'il vous apprend aussi l'écriture, chose qui est généralement négligée dans les autres ressources pour autodidactes.

Pour avancer dans votre livre, vous avez besoin d'établir une routine d'étude qui vous permette d'attaquer le matériel pédagogique sous différents angles et d'absorber les nouveaux points de grammaire et le vocabulaire sans trop d'efforts.

La 'méthode de Luca' de traduire les textes dans votre langue maternelle (L1) d'abord, puis de nouveau dans la langue cible (L2) quelques jours plus tard, s'avère très efficace pour apprendre le japonais également.

Vous trouverez plus de détails sur ces techniques en suivant les liens ci-dessous :
1) An Easy Way to Learn Foreign Languages Part1
2) An Easy Way to Learn Foreign Languages Part2

Concernant les kanji, ce que je recommande, c'est de les apprendre en contexte, ce qui veut dire de les apprendre comme des parties des composés (mots kanji) que vous rencontrez dans les dialogues de votre manuel et non comme des entités individuelles.

Si nous reprenons notre phrase-exemple, vous apprendrez les kanji que vous trouvez dans ce contexte particulier.

マリアさんは ミラノで働いています。でも、先月まで 東京で働いていました。

Maria san wa Mirano de hataraite imasu. Demo, sengetsu made Tōkyō de hataraite imashita.

Maria travaille à Milan. Cependant, avant le mois dernier, [elle] travaillait à Tokyo.


Ici, nous avons les kanji suivants : 働 (travailler) ; 先 (précédent) ; 月 (lune/mois) ; 東 (Ouest) ; 京 (la capitale). Vous les apprendrez en tant que parties des mots dans lesquels ils se trouvent. Dans le cas présent :
働いています hataraite imasu : je travaille (actuellement)
先月 sengetsu : le mois dernier
東京 Toukyou : Tokyo.

En comparant le texte japonais et la traduction [française] fournie dans votre livre, vous n'apprendrez pas seulement du nouveau vocabulaire, mais également de la grammaire (働いています hataraite imasu ‘je travaille’ opposé à 働いていました hataraite imashita ‘je travaillais’).

En gros, une simple activité vous aide à apprendre les kanji : la saisie au clavier.

Une fois que vous ajoutez le ‘japonais’ à votre barre de langues de votre ordinateur (voir ce lien si vous ne savez pas comment faire), il vous suffira d'ouvrir un nouveau document sur un traitement de texte, de taper des mots en caractères latins (roumaji), et le système changera automatiquement chaque mot dans les écritures japonaises correspondantes.

Pour les kanji, plusieurs options vous seront proposées et vous devrez choisir la bonne.

Ce faisant, vous aidez votre cerveau à créer des liens entre les formes et les sons (prononciation). Vous vous souviendrez des significations grâce au contexte, et vous saurez distinguer les bons caractères parmi des caractères similaires en terme de forme ou de sons (homophones) !

Tip #2 – Practiquer à l'oral dès le Jour 1

En plus de l'alimentation linguistique que vous tirez de votre manuel, il vous faudra dédier du temps dans la semaine pour la production. Et par production j'entends ‘pratique orale’.

A ce moment précis, vous êtes susceptibles d'avoir deux questions :
Avec qui parler ?
Comment parler si je n'en suis pas encore capable ?

Bon... concernant la première question, de nos jours, Internet offre de nombreuses opportunités de trouver quelqu'un à qui parler dans la langue que vous apprenez.

Vous pouvez soit travailler avec un tuteur qualifié qui parle également anglais [ou français] ou faire un échange linguistique avec un Japonais qui veut apprendre [votre langue maternelle] (il existe de nombreux sites web pour cela).

Dans ce dernier cas, cependant, il est important d'établir des règles avec votre partenaire linguistique sur le déroulement de votre pratique. Et ceci répond à votre deuxième question sur comment commencer à parler.

Si vous suivez une méthode comme celle que j'adopte avec mes élèves, il est vraiment possible de tenir une conversation en japonais dès le Jour 1.

Je l'appelle la ‘méthode des blocs de construction‘ et cela permet aux étudiants de commencer à tenir des conversations simples en ayant zéro connaissances dans la langue, avec moi les ‘nourrissant’ littéralement avec tous les blocs ou morceaux dont ils ont besoin pour former des phrases et exprimer leurs idées durant tout le processus.

Voici un exemple audio d'une première session avec un étudiant ([pour avoir le son, allez sur l'article original]) (vous pouvez télécharger le PDF avec le script de la session ici).

Je trouve cette méthode très utile et engageante pour les raisons suivantes :
- les étudiants parlent de ce qu'ils aiment (au lieu de suivre simplement un livre)
- les choses restent aussi simple que possible (pas de phrases compliquées)
- la grammaire est apprise accessoirement (en plus de ce qu'ils apprennent dans leur manuel)
- les étudiants se sentent à l'aise et profitent pleinement du professeur.

Si vous combinez votre routine d'étude en solitaire (en utilisant 'Colloquial Japanese' ou un manuel similaire) avec au moins une session orale avec un tuteur ou un partenaire linguistique une fois par semaine, vous serez étonné des progrès que vous allez faire !

Pour résumer...

Il est possible de commencer à parler japonais après quelques mois et non seulement après quelques années si vous évitez les deux erreurs les plus fréquentes chez les débutants, les sus-nommées 'se focaliser sur les entités individuelles des kanji' et 'repousser la pratique orale'.

Pour éviter de commettre ces erreurs, je recommande de toujours apprendre les kanji en contexte (comme parties des mots de vocabulaire dans lesquels ils se trouvent vraiment) et de commencer à parler dès le premier jour avec l'aide d'un tuteur ou d'un partenaire linguistique.

C'est aussi simple que ça !




C'est l'approche que je recommande et qui s'est révélée très efficace avec la plupart de mes élèves. Mais évidemment, cela dépend également de comment vous apprenez et de ce que vous aimez faire.

Il n'existe pas de solution unique qui fonctionne pour tous dans l'apprentissage des langues.




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